Delisle
Définition et histoire
L'échelle Delisle fut introduite en 1732 par l'astronome Joseph‑Nicolas Delisle à l'Académie impériale des sciences de Saint‑Pétersbourg. Elle prend pour point fixe l'ébullition de l'eau et mesure vers le bas à mesure que le liquide se refroidit, ce qui produit une échelle inversée. Le point de congélation de l'eau se situe à 150°De, offrant un intervalle arrondi entre repères usuels.
Les thermomètres Delisle utilisaient d'abord l'alcool, dont la dilatation est importante et visible. La lecture se faisait par la contraction du liquide au refroidissement, d'où l'intérêt d'une échelle qui croît quand la colonne descend. Au cours du XVIIIe siècle, les fabricants ont linéarisé l'espacement et relié l'échelle au Celsius, en conservant l'inversion tout en fixant la taille du degré.
Parce qu'elle s'appuyait sur des points de phase aisément reproductibles, l'échelle offrait un outil pratique de laboratoire avant la normalisation internationale. Elle a coexisté avec Réaumur, Fahrenheit et les premières formes de Celsius durant une période de raffinement rapide de la thermométrie.
Utilisation et applications
L'échelle Delisle a connu un usage notable en Russie et apparaît dans les observatoires, la pratique médicale et les laboratoires de chimie. On la rencontre dans des journaux météorologiques, des notes d'expédition et des catalogues d'instruments des XVIIIe et début XIXe siècles. Les cartographes et ingénieurs appréciaient parfois les thermomètres à alcool Delisle pour le travail par grand froid grâce à leur large plage négative.
Avec la généralisation des conventions Celsius/Kelvin, l'usage pratique a disparu. Aujourd'hui elle subsiste dans les collections muséales, les instruments historiques et les archives météorologiques, où une conversion fidèle est requise pour les études climatiques comparatives.
Applications scientifiques et techniques
L'échelle Delisle est affine à Celsius : elle diffère uniquement par l'orientation et une taille de degré constante. Un degré Delisle représente deux tiers de degré Celsius, avec inversion de l'axe (des valeurs plus grandes indiquent des températures plus froides). En pratique, les valeurs historiques sont rapportées via Celsius/Kelvin pour les comparaisons scientifiques.
Les premiers instruments présentaient parfois de légères non‑linéarités liées au fluide et au verre ; les traitements modernes s'appuient donc sur des correspondances standardisées pour garantir l'interprétation des données d'archives.
Standards internationaux
Delisle est une échelle historique non SI, sans maintien par les organismes de métrologie. Elle reste pertinente pour l'interprétation des données anciennes et le catalogage d'instruments. Symbole recommandé : °De ; les conversions passent par la définition Celsius/Kelvin.